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Publié le 31/10/2025

Tribune : "Exigeons un débat démocratique et un juste tarif de l'électricité pour EDF et les consommateurs"

Par le CSEC d'EDF et UFC Que Choisir

Alors que les factures d'électricité atteignent des sommets et que 7 millions de personnes[1] sont en situation de précarité énergétique, il est temps de constater l'échec d'un modèle. Vingt ans de libéralisation brutale du secteur de l'énergie n'ont permis ni la baisse des prix, ni l'investissement promis par les opérateurs privés en échange de l'Accès Régulé à l'Électricité Nucléaire Historique (ARENH).

Créé en 2011 pour permettre aux fournisseurs alternatifs d'acheter la production nucléaire d'EDF à prix fixe et très avantageux, l'ARENH devait générer des offres durablement compétitives. Au contraire, il a entraîné instabilité, rentes privées, morcellement industriel et endettement d'EDF qui avait pourtant démontré son efficacité de 1945 aux années 2000.

 

Une réforme sans débat aux conséquences dramatiques

Le gouvernement a introduit dans la loi de finances 2025 une réforme majeure, remplaçant l'ARENH sans débat parlementaire, sans évaluation indépendante ni consultation des parties prenantes. Le nouveau mécanisme fiscal prélève une part des revenus d'EDF au-delà d'un certain seuil pour les redistribuer à certains consommateurs selon des modalités définies par décret. Ce système ne fixe aucun prix de référence, ne protège pas contre la volatilité et n'offre pas de visibilité à long terme.

Une étude de l'UFC-Que Choisir alerte sur le caractère inflationniste de cette réforme : la fin de l'ARENH et la refonte du tarif réglementé auraient engendré, si appliquées dès cette année, une hausse des factures jusqu'à 19 %, soit près de 250 € supplémentaires pour un foyer moyen[2]. Il est inacceptable qu'une réforme d'une telle ampleur soit adoptée discrètement, au détriment des usagers.

 

Une énergie à deux vitesses

Pendant que les grands industriels négocient en coulisses des contrats stabilisés, les collectivités, services publics, TPE, bailleurs sociaux et ménages restent exposés aux fluctuations du marché. Cette dérive dessine une énergie à deux vitesses : contractualisée pour les puissants, incertaine pour tous les autres.

Malgré la forte hausse des factures d’électricité entre 2019 et 2024 (+63%)[3], EDF n'a pas, sur la durée, tiré profit de cette flambée compte tenu d'une régulation qui aura alourdi sa dette et grevé sa capacité à financer la transition énergétique, à laquelle les fournisseurs alternatifs bénéficiant de l'ARENH ne participent que très marginalement. Ce système n'est ni soutenable, ni juste, ni rationnel.

 

Un tarif juste, une gouvernance démocratique

Nous proposons de refonder le tarif réglementé de vente (TRVe) sur des bases cohérentes avec la réalité du système électrique français. Aujourd'hui, jusqu'à 50 % du tarif réglementé repose sur les prix du marché[4], alors que plus de 90 % de l'électricité consommée en France est produite localement, principalement à partir du nucléaire et de l'hydroélectricité[5]. Ce découplage, qui sera encore amplifié dès l’année prochaine avec la mise en œuvre de la nouvelle régulation, est injustifiable.

Selon les analyses du CSEC d'EDF et du cabinet SECAFI, un TRVe basé sur les coûts réels de production, transport et distribution permettrait une réduction moyenne de 30 % des factures[6]. Ce mécanisme assurerait stabilité des revenus pour EDF, visibilité tarifaire pour les usagers, et garantirait les investissements nécessaires à la transition énergétique. Ce tarif devrait profiter à l'ensemble des consommateurs et pourrait servir de référence pour faire évoluer les offres de marché.

Mais cette réforme tarifaire n'a de sens que si elle s'inscrit dans une reconstruction plus large. Le secteur énergétique français est aujourd'hui morcelé : production, transport, distribution et fourniture relèvent d'entités disjointes, parfois concurrentes, empêchant toute planification cohérente. Il est nécessaire de donner corps à un service public de l'électricité, capable de piloter le mix énergétique, d'investir dans la durée et de garantir la sécurité d'approvisionnement.

 

Un impératif démocratique

L'énergie structure notre vie quotidienne, notre appareil productif, notre souveraineté. Fixer le prix de l'électricité, c'est poser les termes d'un pacte social. Cela ne peut se faire à huis clos.

Face à l'opacité des décisions, aux dérives tarifaires et à la perte de contrôle collectif sur ce bien commun fondamental, nous appelons à l'ouverture d'un débat national sur l'avenir énergétique du pays, incluant la Programmation Pluriannuelle de l'Énergie. Nous souhaitons aussi l'instauration d'une commission d'enquête parlementaire sur les 20 ans d'ouverture à la concurrence et sur les conditions d'introduction de cette réforme post-ARENH dans le budget 2025

 

1 - Chiffre établi de l’Observatoire National de la Précarité Énergétique - Tableau de bord de la précarité énergétique - décembre 2024
2 - Rapport de Février 2025 d’UFC que choisir “NOUVELLE REGULATION DU MARCHE DE L’ELECTRICITE Des aménagements s’imposent pour éviter une nouvelle flambée des factures”
3 - Rapport du Cabinet SECAFI pour le CSEC EDF
4 - Rapport du Cabinet SECAFI pour le CSEC EDF
5 - EDF : “Le nucléaire en chiffres” (mise à jour du 23/06/2025) https://www.edf.fr/groupe-edf/comprendre/production/nucleaire/nucleaire-en-chiffres?utm_source=chatgpt.com
6 - Rapport du Cabinet SECAFI pour le CSEC EDF
 

Télécharger A lire : le communiqué de presse du CSEC

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