Moins de deux ans après la promulgation de la loi censée accélérer le programme de nouveau nucléaire français, le gouvernement a déposé plusieurs amendements sur le sujet au projet de loi sur la simplification, examiné à l’Assemblée nationale à partir du 8 avril. L’exécutif veut dispenser « des dispositions du code de la construction et de l’habitation les bâtiments les plus sensibles des centrales » et permettre aux filiales d’EDF (comme Edvance) de « surveiller les sous-traitants » à qui elles confient des missions importantes lors de la construction de réacteurs (Contexte).
EDF a annoncé plusieurs mouvements le 2 avril, dans la foulée d’informations en ce sens publiées par L’Informé. Le directeur du palier EPR2, Gabriel Oblin, est nommé vice-président Ingénierie d’Arabelle Solutions. Il est remplacé à la conduite du programme EPR2 par Catherine Back, actuellement PDG d’EDF EPR Engineering UK, une filiale d’Edvance. Xavier Gruz, arrivé chez EDF il y a cinq mois en provenance de la SNCF, remplace Nicolas Machtou en tant que directeur Programmes Nouveau Nucléaire. Nicolas Machtou devient, lui, directeur de la Division thermique, expertise et appui industriel multimétiers (DTEAM) d’EDF. Enfin, Olivier Lamarre est nommé directeur de la direction Construction et essais. (Contexte).
Framatome et TechnicAtome ont mis fin lundi 31 mars à un feuilleton de la filière nucléaire française, en annonçant racheter Segault, spécialiste de la robinetterie nucléaire. La PME installée en Essonne équipe entre autres centrales nucléaires françaises, sous-marins lanceurs d’engins (SNLE), et le porte-avion Charles de Gaulle. Sa vente à une société américaine avait été bloquée en 2023 par l’État (L’Usine Nouvelle).
Le gouvernement britannique a lancé un fonds d’investissements appelé Starmaker One et doté de 100 millions de livres sterling visant à aider les entreprises et start-up du secteur de la fusion nucléaire à se développer et à commercialiser leur technologie à grand échelle, a annoncé le département de la sécurité énergétique et de la neutralité carbone (DESNZ) le 3 avril (Enerpresse).
La cour administrative d'appel de Nancy a annulé le 4 avril deux arrêtés préfectoraux qui avaient autorisé l'implantation de 63 éoliennes, à 40 kilomètres au nord-est de Reims. Ce projet d'une taille inédite de 226 MW, est porté à parité par EDF et Renner Energies. Motif invoqué : l'impact visuel d'installations hautes de 200 mètres. « Ni le relief, ni la végétation, ni des mesures de réduction [ne] pourraient masquer les éoliennes prévues par le projet et atténuer les effets d'encerclement et de saturation visuelle pour les habitants », explique la cour dans un communiqué (Les Echos).
Le mercredi 19 mars, pendant que les syndicats dénonçaient en Comité Central les conditions de la fermeture de la centrale à charbon de Cordemais annoncée pour 2027, les sénateurs de Loire-Atlantique obtenaient l’adoption en commission des affaires économiques du Sénat d’un amendement porté par les sénateurs Karine Daniel (PS), Ronan Dantec (écologiste), Philippe Grosvalet (RDSE) et Fabien Gay (PCF). Il vise « à contraindre EDF à présenter un projet de conversion pour la centrale à charbon de Cordemais en installation de production d’électricité, à partir d’énergies renouvelables ou de stockage d’électricité » (Ouest France).
Les gestionnaires de réseaux électriques sont confrontés à une forte augmentation des recrutements compte tenu de la transition énergétique, qui risque de se heurter à une « saturation » de l'appareil de formation, avertit un rapport publié le 25 mars. Afin d'atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2 fixés par Bruxelles, la France va devoir investir « de l'ordre de 200 milliards d'euros d'ici 2040 », rappelle le rapport. Ces investissements se doublent d'une flambée des besoins d'effectifs dans les « métiers cœur » du secteur, qui devront passer de 49 000 à 79 000 personnes d'ici 2030, et nécessiteront quelque 43 000 recrutements, , a expliqué à l'AFP, Alexandre Siné, directeur du projet des écoles des réseaux pour la transition
Les industriels gros consommateurs d'électricité ont formé le vœu de parvenir « avant l'été » à un accord sur le prix de l'électricité avec EDF, quelques jours après la décision de l'État de ne pas reconduire le PDG de l'énergéticien, Luc Rémont (Boursorama/Media Services).
À quelques mois de la fin du mandat de Luc Rémont à la tête d’EDF, l’Elysée a annoncé que son choix se porte sur Bernard Fontana, actuel patron de Framatome, pour le remplacer. Le Premier ministre vise à accentuer la maîtrise industrielle des chantiers en cours et à venir. Cette décision doit maintenant être soumise à l’Assemblée nationale et au Sénat (Sfen).
La nomination de Dominique Voynet, opposante de longue date au nucléaire, au Haut Comité pour la transparence et l'information sur la sécurité nucléaire (HCTISN), instance indépendante, a suscité la colère des anciens députés responsables de la Commission d'enquête sur la souveraineté énergétique. Antoine Armand, ex-ministre de l'Economie du gouvernement Barnier et rapporteur de cette commission, et Raphaël Schellenberger, son ex-président, ont écrit à la présidente de l'Assemblée nationale pour protester contre cette nomination, annoncée au Journal officiel mercredi (AFP).
À l’issue du Conseil politique nucléaire (CPN) du 17 mars, l'Élysée a annoncé qu'il visait désormais l'horizon 2038 au lieu de 2035 pour la mise en service du premier des six futurs réacteurs EPR2 voulus par Emmanuel Macron, une relance nucléaire qui devrait s'appuyer sur un prêt de l'État à taux préférentiel et un renforcement de la souveraineté en uranium (AFP).
Le CPN a remis au premier plan les réacteurs à neutrons rapides (RNR), abandonnés en 2019 avec l'arrêt du programme Astrid. En construction à Marcoule (Gard), ce prototype de réacteur de quatrième génération, avait pour objectif de « fermer le cycle » du nucléaire, c'est-à-dire de réduire considérablement les déchets produits en réutilisant le plutonium, et d'offrir à la France une indépendance électrique de plusieurs siècles en permettant d'utiliser son énorme stock d'uranium appauvri. L’exécutif a chargé EDF, Framatome, Orano et le CEA d'élaborer « d'ici la fin de 2025 un programme de travail et une organisation industrielle » pour « atteindre la fermeture du cycle du combustible nucléaire dans la deuxième moitié du siècle. » (Le Point).